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Chercheur - créateur d'entreprise, même aventure ?
25 mai 2009

Compte-rendu des tables rondes

En tant que scientifique, ai-je un rôle à jouer dans l’innovation technologique ?

Que devient mon capital de réputation, comment se fera mon retour dans le milieu académique, qu’est-ce que cela implique comme renoncement, comment me lancer ? Autant de questions au cœur de l’engagement entrepreneurial des chercheurs,  auxquelles les tables-rondes ont tenté d’apporter des réponses.

 


Aspect sociologique de la création d’entreprise

Pascal Ragouet, Sociologue, Université de Bordeaux
Thierry Verstraete, Professeur d’entrepreneuriat, Université de Bordeaux

Le passage du monde de la recherche à celui de l’entreprise n’est pas perçu de la même façon pour chaque chercheur. On distingue trois grandes catégories : ‘‘Les académiques’’ qui voient la création d’entreprise comme une trahison, les « pionniers » qui voient la création d’entreprise comme une façon de générer du profit, et les ‘‘Janus’’ qui ont une vision plus modérée, qui voient la création d’entreprise comme un moyen de financer leur recherche et de proposer un avenir à leurs étudiants en leur offrant un emploi.

La notion de prise de risques est importante. L’entrepreneur doit être un leader, être motivé et avoir des compétences précises, trois qualités rarement présentes chez un même individu. C’est en réalité le contexte qui fait que l’on se lance ou pas dans l’aventure. Le profil type du créateur d’entreprise n’existe pas.



Quel impact sur la carrière du chercheur ?

Antoine de Daruvar, Ancien entrepreneur, Lion Bioscience
François Salin, Chercheur-entrepreneur, Eolite Systems

Au niveau de la carrière du chercheur, la prise de risque est minime. Grâce aux articles 25.1 et 25.2 de la « Loi sur l’Innovation », le retour à la recherche n’est pas difficile, tout du moins d’un point de vue administratif. Les conditions de retour ne doivent pas faire blocage sur le départ.

Les qualités mises en jeu dans une entreprise ne sont pas différentes de celles nécessaire pour entreprendre dans la recherche. L’aventure entrepreneuriale à un impact certain sur le nombre de publications, mais la valorisation des travaux, la création d’entreprise et d’emplois, de même que les retours financiers, sont tout aussi valorisants. L’ouverture au monde de l’entreprise nous fait gagner en crédibilité vis-à-vis des partenaires industriels, mais aussi auprès des étudiants.



Les relations avec son établissement de recherche

André Touboul, Délégué régional, DRRT
Philippe Gorry, Directeur, Aquitaine Valo
Luc Grislain, Chercheur Université de Bordeaux, Cofondateur Ellipse Pharmaceuticals

Les rapports avec l’administration ont évolué. Celle-ci n’est plus un environnement hostile accès sur l’apport juridique pour la protection. Le service de valorisation est devenu un service d’accompagnement. Le chercheur doit aller au devant de l’administration car plus le contact est pris tôt, et plus les relations seront fluides.

Le chercheur a une responsabilité dans la société car l’innovation est un moteur économique. La valorisation est une des missions du chercheur. On entend « tous les chercheurs ne peuvent pas valoriser ». Mais tout est valorisable ! La question est : « A quel moment rentre-t-on dans la valorisation ? » Aquitaine-Valo fait un diagnostic avec le chercheur pour savoir si l’idée a fait l’objet d’une publication, comment la protéger, combien de temps et quels moyens pour la développer, s’il existe un marché (bien que souvent l’innovation crée le marché). Le chercheur a le choix sur le mode de valorisation : contrat de collaboration avec industrie (le plus courant), création d’entreprise, transfert de l’idée par un tiers (plateforme technologique, cellules de transfert, etc.).


L’entourage du chercheur en phase de création

Marie-Christine Vidal, Ancien entrepreneur Digem, Directrice Pépinière Nice Côte d’Azur
Pier Vincenzo Piazza, Directeur Institut Magendie, Fondateur Fluofarma

Bien choisir son équipe est un facteur primordial. Une équipe fonctionne si ses membres ont des compétences diverses. C’est l’équipe qui fait l’entreprise et non l’inverse ; cela nécessite distinctement un groupe d’actionnaires et une équipe opérationnelle. Le plus difficile est de définir le leader de l’équipe. Il ne faut pas se tromper. Chacun doit mettre sur la table les raisons qui le poussent à se lancer dans la création, et naturellement, le leader va se détacher.

Chacun doit être rémunéré en fonction de son statut. Il faut donc une préparation pour définir les compétences et déterminer les personnes nécessaires pour que le management de l’équipe se passe au mieux.


La faisabilité du projet

Philippe Barthelemy, Enseignant-chercheur, Université de Bordeaux
Philippe Grand, Associé, DG Ernst § Young Entrepreneurs
Elisabeth Thouret-Lemaitre, Conseil en PI, Cabinet Bredema

Si l’on attend de l’étude de faisabilité économique le feu vert, on se trompe. Le feu est toujours orange. Néanmoins, l’étude de faisabilité économique est une étape nécessaire. Elle sert à comprendre comment fonctionne le segment de marché sur lequel on va se positionner.

Le nom de l’entreprise, le modèle économique, le dépôt de brevet ont également de l’importance. Il faut surveiller le domaine concurrentiel, ce qui prend du temps (au moins 5 ans). Toutes ces étapes ne sont pas forcement intuitives. Le chercheur doit apprendre une nouvelle langue !


L’accompagnement et le financement du projet, de l’entreprise

Jean-Marc Battigello, Délégué régional Innovation, OSEO Aquitaine
Antoine Briand, Directeur, Incubateur Régional d’Aquitaine
Frédéric Conchy, Directeur, Exosun
Bruno Mascarin, Directeur, Technopole Bordeaux Montesquieu

Il existe toute une chaine de valeur depuis le laboratoire jusqu’à la création d’entreprise : Aquitaine Valo, OSEO, l’IRA, les technopoles et pépinières, le Conseil Régional d’Aquitaine (PI, financement, business plan, soutien logistique, formations, réseau, etc).

Pour mener à bien un projet, les trois piliers sont : la technologie, le marché, et surtout l’équipe. Il ne faut pas négliger la composante humaine. L’essentiel pour l’IRA est de faire progresser les hommes ; c’est un espace sécurisé pour prendre des risques ! Ces structures aident également à orienter les projets, et notamment, à ne pas lancer les porteurs trop tôt dans l’aventure si le marché n’est pas encore là. Plus les projets sont accompagnés, plus ils sont pérennes.

Une fois sorti de l’IRA et de la technopole (environ 4 à 5 ans), l’entrepreneur bénéficie d’un réseau d’échanges pour rester en contact avec les problématiques transversales. Il n’est pas seul.

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